C’est avec une grande tristesse nous avons appris le décès de notre cher abbé Paul Flas ce vendredi 30 octobre, à l’âge de 86 ans et 61 ans de prêtrise. Hospitalisé au début de la semaine passée, il nous a quitté en toute humilité et discrétion, mais en tenue de service ! Il a célébré dans notre unité pastorale à la chapelle de saint Roch encore ce samedi 24 octobre et jusqu’à la fin chez les sœurs de Cornillon. Sa mort laisse un vide dans nos cœurs, mais surtout un profond sentiment de gratitude pour toute sa vie sacerdotale, sa disponibilité, son service fidèle et généreux, son témoignage évangélique toujours accompagné par une interpellation sur la mission de l’Eglise avec ses faiblesses et ses défis.
Aimant de la Parole de Dieu, jusqu’à la fin, il accompagnait la préparation de ses homélies à travers l’étude des écritures, en faisant l’exégèse des textes du jour, aidé par les commentaires de ses exégètes préférés, comme le théologien Christoph Théobald.
Pour résumer sa vie, j’aimerai vous partager quelques lignes écrites par son ami, le chanoine Karl Gatzweiler, qui a écrit sur lui, au moment où il quittait sa fonction d’économe à l’évêché et prenait sa retraite du carmel de Mehagne :
« Depuis quelques décennies, l’évêché a été renouvelé. Le bâtiment administratif a été modernisé. La résidence épiscopale a été embellie. Plusieurs services diocésains ont essaimé.
L’artisan de ce renouvellement s’est avéré un excellent gestionnaire, parfois l’air un peu sec mais toujours compétent. Voilà maintenant que la fonction de cet artisan vient à son tour d’être renouvelée : l’abbé Paul Flas part à la retraite et est remplacé par un chancelier, un comptable et un économe.
L’abbé Paul Flas a commencé son service sacerdotal dans les collèges de Dolhain, de Saint-Barthélemy, de Saint-Roch. Il a animé la pastorale universitaire et plusieurs missions en Champagne. Il a gardé un esprit jeune et le souci aigu de l’évangélisation de la jeunesse.
Il a été vicaire dominical à Saint-Nicolas en Outremeuse, curé à Sippenaeken et à Saive. Il en a gardé le sens d’une pastorale de la proximité et le souci d’une fraternité sacerdotale, effective et affective.
Retraité, l’abbé Paul Flas ne chômera pas. Il reste aumônier des Carmélites à Mehagne qui l’apprécient beaucoup. Il s’occupe encore de la préparation au mariage et devient un pôle d’atraction et de référence pour pas mal de jeunes qui veulent convoler en justes noces.
Cher Paul, merci pour tout et notamment pour ta disponibilité et ton amabilité dans les bureaux de l’évêché.
La grâce de Dieu et bonne chance pour la suite de ton engagement sacerdotal. »
Les mots du chanoine Karl Gatzeweiler mettent en évidence les traits les plus beaux et significatifs de la vie de l’abbé Paul. Nous sommes bien conscients qu’il n’est pas reste en chômage, bien au contraire.
Après Mehagne, il est descendu sur Jupille, en devenant prêtre auxiliaire de notre unité pastorale Alliance et depuis lors, il célébrait tous les jours au Carmel de Cornillon, jusqu’à la fin, avant d’être hospitalisé.
Il aimait partager avec ses amis ses inquiétudes et ses questions sur notre société, sur la vie et sur l’avenir de l’Eglise ; chaque rencontre était un partage de ressentis et de réflexions ; un homme toujours élégant, en formation permanente, capable d’ouvrir son cœur et de tisser des liens d’amitié et d’affection véritables et de longue durée. Toujours accueillant, il a tenu la porte de sa vie ouverte aux autres, surtout les pauvres, avec une sensibilité respectueuse et attentive pour le monde ouvrier. Il me disait souvent que, nous, prêtres, nous avons la chance d’avoir une vie et un salaire confortable mais qu’il ne faut jamais oublier ceux qui, jour après jour, doivent faire face à la fatigue de la vie quotidienne plus difficile, comme un ouvrier qui doit travailler dur pour le bien de sa propre famille. Cette réflexion m’a toujours beaucoup touché, mettant en évidence l’importance d’être très attentifs aux problématiques de la vie, pour un Evangile incarné et réel, détaché de toute abstraction théologique ou philosophique.
J’ai eu la joie de fêter avec lui saint François. Encore ce jour-là, à table, il a lu le testament de son ami Karl décedé pas longtemps avant (sa mort l’avait fortement touché !) et à cette occasion il m’a donné une copie de ses dernières lectures : une étude de Arnaud Join-Lambert « Leçons du confinement pour l’Eglise » qui souligne l’importante de la synodalité et d’une Eglise en sortie ; un autre article de Christoph Théobald « Vers une Eglise hospitalière ». Pour moi c’est dans ses pages qu’on peut lire son testament spirituel, qui met en évidence la force de sa passion pour l’Evangile et l’amour pour l’Eglise en chemin, entre les contradictions et les défis de l’Eglise dans les grands changements de notre époque : « L’Eglise traverse une crise grave qui peut être l’occasion d’une conversion. Cette crise oblige à revisiter la représentation que l’Eglise se fait d’elle-même. Il faut sortir d’un modèle théorique pour redonner toute sa place à la vie effective des communautés. L’Eglise doit aussi redécouvrir sa dimension missionnaire. C’est enfin le rapport aux autres qui pourra nous aider. La dimension œcuménique apparait comme toujours plus indispensable ».
Cher ami abbé Paul, au nom de notre unité pastorale, je désire exprimer les sentiments plus profonds de gratitude pour tout ce que tu as été et pour tout ce que tu as fait pour nous. Nous garderons un véritable souvenir de ta présence toujours accueillante et disponible.
Un grand merci pour ton amitié ! Tu as été un des premiers prêtres de Liège que j’ai pu rencontrer et fréquenter en cultivant une belle fraternité sacerdotale. La différence culturelle et d’âge nous a plusieurs fois amené à une réflexion profonde et j’ai toujours aimé t’écouter, en sachant que tes questions continuraient à travailler en moi. La richesse de ton expérience, ton sens de la proximité envers les familles, ton être concret et actuel dans l’expérience de l’Evangile continuera à rayonner dans ma vie.
Que le Seigneur te donne la récompense éternelle, promise à ses serviteurs fidèles !
Continue à veiller de là-haut sur nous !
En te disant « A Dieu », je prie le bon Dieu qu’il donne à son Eglise de nombreuses vocations à la vie sacerdotale, religieuse et missionnaire. Que ta place laissée vide ici puisse être vite occupée par la générosité des jeunes appelés par le Christ à continuer l’œuvre de l’annonce de l’Evangile !
Alessio Secci